vendredi 20 août 2010

Vu de la gloriette

De la gloriette où les propriétaires du camping ont eu la bonne idée d'installer un routeur, j'observe les pêcheurs de palourdes revenir de leur cueillette à mesure que la mer reprend ses droits dans la baie, qui se vide presque entièrement à marée basse.
Nous avons bien tenté tout à l'heure, Pierre et moi, de réitérer notre pêche miraculeuse du mois dernier, mais les surf clams que nous avions ramassées à plein panier l'autre fois se sont faites plus rares, Neptune seul sait pourquoi. Nous en aurons tout de même assez pour des spaghettis vongole ce soir: vin blanc, ail, palourdes, crème, pâte de tomate. Je pense que je cuisine encore plus en camping qu'à la maison, allez y comprendre quelque chose.
L'autre soir, nous avons poussé une pointe jusqu'à Freeport, paradis du shopping. On y trouve plus de magasins que d'habitations, plus de magasineurs que d'habitants et, en fin de compte, pas tant d'aubaines que ça, sauf pour les hommes. Nous-la-femme, apparemment, ne regardons pas à la dépense quand quelque chose nous plaît... Soit je n'ai rien vu qui me plaise, soit je ne suis pas une vraie femme: je n'ai (presque) rien acheté.
Nous avons terminé la journée dans un pub de la jolie ville de Brunswick, où l'on nous a servi un steak de brontosaure que nous avions eu la bonne idée de demander à partager. Songez donc: 14 onces de viande! Et la serveuse nous a dit que bien des gens eat the whole thing! Ces Américains me surprendront toujours.
Hier, la plage de Popham était complètement dissimulée sous un épais brouillard, le coup d'œil était proprement surréaliste. Les pauvres lifeguards n'y voyaient goutte, ça complique drôlement les opérations de surveillance et de sauvetage!
À la fin de la journée, nous nous sommes fait livrer du homard au camping (jusqu'à notre tente s'il vous plaît) par le pêcheur en personne, une sorte de colosse à la voix de baryton, venu avec sa femme. Depuis qu'il a fait un infarctus, c'est elle qui relève les 300 cages qu'ils mettent à l'eau, beau temps, mauvais temps. Quel courage, quand même.
Et puis nous voyons Eric, le propriétaire du camping, toujours en train de réparer ceci ou cela, d'installer un machin, de déplacer un truc, quand il n'est pas lui-même à la pêche aux coques. Il est tout seul pour tout faire et travaille du matin au soir pendant que sa femme s'occupe du téléphone. C'est de l'argent bien gagné!
Bon, c'est pas tout ça, faut encore aller arranger les palourdes. En buvant une bière, ça passera mieux.
J'espère que les moustiques nous ficheront la paix.

samedi 14 août 2010

Demain la mer

http://commondatastorage.googleapis.com/static.panoramio.com/photos/original/1690857.jpg Bon, ce n'est ni très loin ni très exotique, même pas vraiment dépaysant. Encore que...

Même le Maine, que tout le monde semble si bien connaître, recèle des coins secrets, fréquentés par les locaux seulement, et on peut là comme ailleurs se sentir en voyage. C'est-à-dire fréquenter d'autres lieux, d'autres gens, qui nous apporteront quelque chose de nouveau.

J'ai trouvé cet endroit il y a des années, au cours de vacances au New Hampshire pendant lesquelles j'avais, avec mon habituel sens de l'à-propos, emporté à lire L'Hôtel New Hampshire, de John Irving, un de mes auteurs fétiches.

Il situait le premier hôtel du nom quelque part à l'embouchure de la rivière Kennebec, bizarrement dans le Maine. Pas pu m'empêcher de regarder où ça se trouvait sur la carte. Tiens, ai-je dit à Yves, le père de mon fils et toujours mon meilleur ami, allons donc voir ce qu'il y a là. Nous nous y sommes rendus dare-dare sur notre Honda Nighthawk 450 (chose que je ne referai plus jamais de ma vie, juré-craché, c'est trop dangereux).

La rivière Kennebec se jette bien dans l'Atlantique, mais elle fait mille caprices, se divise en bras infinis où l'on se perd sans cesse entre terre et mer, pointes et baies, îles et marais... Nous avons abouti à Popham Beach, l'un des plus beaux endroits qu'il nous ait été donné de voir. Là, aucun hôtel digne de ce nom, à peine un guest house de cinq ou six chambres (parfait pour nous), un casse-croûte où l'on servait le meilleur shortcake à la rhubarbe au monde, et un camping tenu par un franco-américain qui n'avait plus de franco que le nom mais qui était très fier de nous accueillir comme ses presque-cousins.

Nous sommes tombés amoureux de la région, de ses gens simples, de sa beauté sauvage, de sa reposante modestie. Ici, pas de factory outlets, de boardwalks, de manèges, de salt water taffy... Les gens vivent et travaillent à Bath, au chantier maritime ou ailleurs, ont peut-être une roulotte installée à demeure quelque part dans un camping bon marché, se connaissent entre eux et vous reconnaissent comme étranger, vous accueillent et vous adoptent sans façon, comme les Américains savent faire, ce que nous, Québécois malades d'antiaméricanisme, avons trop tendance à oublier.

Nous y sommes retournés plusieurs fois par la suite, toujours en camping, et en sommes toujours revenus enchantés.

J'y vais demain avec mon Pierre, après un week-end exploratoire en juillet où nous avons rencontré un couple de Franco-Américains avec qui nous avons rigolé comme des bossus. C'est fou, mais j'ai presque aussi hâte de revoir Gerry et Pauline que de revoir la mer, de ramasser des palourdes et de me geler dans les vagues.

Photos à venir...