jeudi 31 janvier 2008

J'irai revoir ma Normandiiiiiie

Sitôt rentrée de mes folles pérégrinations à Aruba au milieu des cactus, des ânes sauvages et des iguanes mangeurs d'hommes, je me suis immergée dans un marathon d'écriture dont je ne sors qu'à peine. 

Mon bronzage pâlit déjà, et ce n'est pas en Normandie que je vais pouvoir le raviver. Eh oui. J'irai revoir... (air connu, et j'entends d'ici mes collègues du pupitre se lamenter de ne pouvoir entendre ma profonde voix d'alto leur susurrer cet air impérissable. Ce sera pour la prochaine fois.)
 
À défaut d'entretenir mon cancer de la peau, je m'en vais donc préparer ma cirrhose au pays du calvados. Nous irons à Honfleur, à Rouen, à Lisieux, voir la terre bénie d'où nos vaillants ancêtres, ne sachant sans doute point ce qui les attendait, ont quitté la douce France pour venir manger de la misère et attraper le scorbut en Amérique. 
 
Ce voyage aura une saveur généalogique; je suis censée partir à la recherche de mes racines. Le hic, c'est que le premier Couturier arrivé au Québec, André de son prénom, est parti de Franche-Comté. Et pour tout vous dire, je m'en soucie autant que de ma première paire de bottines. Mais si vous avez une mission à me confier, je suis preneuse.
 
La Normandie, en fait, m'intéresse bien plus parce que feu mon vieux papa y a fait le débarquement en 44. Mon ami Jean (coucou, Jean!) m'a emmenée l'an dernier en faire la tournée. À Arromanches, j'ai appelé papa: Allô, papa? J'y suis, il y a encore le pont flottant là devant, je le vois pendant que je te parle.
 
Il a voulu savoir s'il y avait encore des traces des batailles (oui), si les bunkers allemands étaient toujours là (re-oui), s'est émerveillé de ce que je semblais l'appeler de la maison d'à côté (papa criait toujours au téléphone comme si on était encore en 1930), m'a parlé de la bataille de Caen (où je ne suis pas allée, et où hélas je n'irai pas cette fois non plus). Il était ému et content que je l'appelle.
 
C'est mon meilleur souvenir de la Normandie. 
 
Ça et les huîtres. Charnues, fines, soyeuses, rien à voir avec celle qu'on a ici. Eh. C'est la France. En fait, je pense que j'en veux un peu à cet imbécile de Colbert, sans qui on aurait pu vivre une vie peinarde là-bas à manger du camembert et à boire du calva. Mais bon, c'était il y a longtemps, alors peut-être que je vais profiter de ce voyage, en fin de compte, pour me réconcilier avec lui (et pour manger quelques huîtres).
 
D'ici là, il me reste évidemment quelques équations à résoudre, comme: combien de paires de chaussures réussirai-je cette fois à faire entrer dans ma valise? Mon record est de cinq, mais il est vrai que, dans le Sud, on n'a besoin que d'un mouchoir pour s'habiller. Et de quelques mouchoirs de rechange, bien sûr.
 
Remarquez, je suis en train de devenir experte: chacun s'émerveille de l'apparente sobriété de mon bagage, une petite valise que je peux emporter en cabine. Mais nul ne se doute des trésors d'ingéniosité que je déploie pour y faire tenir toutes ces chaussures, quatre ou cinq bouquins (comme si j'allais avoir l'énergie de lire) et une quantité affolante de petites bouteilles de 100 ml remplies de ces liquides maudits, dûment et hermétiquement scellées dans un Ziploc réglementaire, que mon plus gentil sourire contrit réussit toujours à faire accepter aux préposés à la sécurité. Sauf quand c'est une femme, bien sûr.
 
Voilà, sur ces questions capitales, je vous embrasse, je tâcherai de vous écrire de là-bas, entre une réception avec le directeur de l'office du tourisme de X et une visite des archives de Y.
 
D'ici là, ne ratez pas notre palpitant reportage sur la route des Keys, à paraître samedi dans votre journal préféré. 

samedi 26 janvier 2008

BANG!

Non, ce n'est pas mon avion qui passe le mur du son. C'est le choc du retour à l'hiver, dont j'avais réussi à oublier l'existence. 

Dans l'avion, il y avait plein de gens devenus des amis pour la vie, qui ont papoté pendant toutes et chacune des quelque 320 minutes qu'a duré le vol, comparant mérites et déroutes de leurs hôtels respectifs. Celui-ci s'indignait que la madame du Holiday Inn n'ait semblé aucunement impressionnée par la carte Gold User censée lui conférer un statut international de VIP, celle-là se plaignait des algues qu'il y avait dans l'eau (ben oui, Chose, des ALGUES!!! A-t-on idée!!!). Pendant ce temps, à Kaboul...

Il y avait notamment un couple qui semblait tout droit sorti d'un film porno cheap (ou prêts à y entrer), elle avec ses boules surdimensionnées qui menaçaient de jaillir hors de son t-shirt à paillettes, lui avec son bronzage Pantone 659, sa casquette marquée ARUBA plantée à l'envers sur sa calvitie graisseuse et son faux diamant à l'oreille. Il y avait beaucoup de familles, et aussi de jeunes couples dont la peau s'écaillait comme celle d'un serpent en train de muer, même qu'une femme s'appliquait à peler son aimé comme un kiwi en attendant les valises.

Appétissant.

Nous sommes rentrés à Montréal à 23h30, le plan étant de récupérer la voiture de Patrick (le photographe) à La Presse, puis qu'il me raccompagne chez moi. Arrivés là: silence radio. La batterie de la voiture était à plat. Comme nous l'étions aussi, ça ne nous a pas mis de bonne humeur. Mais bon, y a pire. On a croisés ce bon Richard Chartier, qui a obligeamment proposé à Patrick de survolter sa batterie à l'aide des câbles idoines que tout automobiliste québécois devrait toujours avoir avec lui. J'ai décidé de reprendre un taxi plutôt que d'attendre la manoeuvre. Le chauffeur, comme le précédent d'ailleurs, n'a pas daigné lever le petit doigt pour m'aider à mettre mes valises dans le coffre - non plus que pour les en tirer. Y a des valeurs qui se perdent, et des coups de pied au cul itou.

Mais bon. Là, faut que je me mette à l'écriture, je ne sais absolument pas par quel bout je vais prendre l'affaire. 

Mais d'abord, un autre vrai bon café qui goûte quelque chose.

Je vous embrasse tous et toutes

(S) Joséphine Baker (c'est parce que je suis vraiment très bronzée,
 mais je ne danserai pas vêtue d'une jupe de bananes, n'y songez même pas.)

mercredi 23 janvier 2008

Aruba

Je vous écris de la terrasse de mon hôtel, d'où, assez fâcheusement, on ne voit aucunement la mer, bien qu'elle soit à trente pas. Mais le vent (constant ici) a exactement la bonne température et, franchement, je serais malvenue de me plaindre. Nous logeons dans le chic Holiday Inn, probablement l'hôtel ,le moins cher de l'île, ce qui explique qu'il soit rempli de Québécois qui veulent se faire des amis. J'essaie de parler français le moins possible. (Est-ce que je suis en train d'être pas fine, moi là?)
 
Hier, nous avons loué une Jeep et nous avons écumé l'île de long (80 km) en large (10 km). Si l'on pouvait produire de l'éthanol avec des cactus, Aruba serait milliardaire. Au volant de la Jeep, Patrick, le photographe, m'a fait revivre un glorieux épisode de Commando du désert, cette émission mythique de mon enfance (qu'il ne connaissait pas, bien sûr, ce bébé) où des soldats américains traquaient les méchants Fritz dans le Sahara durant la Seconde Guerre mondiale. Une chance que je ne suis pas nerveuse en auto. 
 
On s'est bien amusés et on a vu des paysages complètement surréalistes. Par exemple: une plage digne du Lagon bleu – sable éblouissant, eau turquoisele topo habituel – avec à quelques kilomètres (deux ou trois, peut-être moins que ça), les cheminées d'une raffinerie de pétrole qui crachent une abominable fumée noire. Trop bizarre.
 
Je suppose qu'il s'agit de ne pas regarder dans cette direction.
 
Nous nous nourrissons exclusivement de fish and chips et de tranches de tomates, parce que le soir venu nous sommes trop crevés pour chercher à manger ailleurs qu'au bar de la plage. Nous avons bien essayé hier soir, mais il n'y a rien d'autre aux alentours que des trucs pour touristes tout-inclus: restos italiens, grils, ce genre de chose, où tout est hors de prix et vraisemblablement immangeable. Ayant à cœur notre santé et celle, financière, de notre employeur, nous préférons nous rabattre sur des valeurs sûres.
 
Il nous donc a été impossible de découvrir la gastronomie arubéenne mais, compte tenu des influences néerlandaises qui sévissent en tout lieu ici, je n'ose former de grands espoirs à cet égard. Il reste nous encore deux jours – ce soir, peut-être, nous armerons-nous de courage et affréterons-nous un taxi pour qu'il nous emmène quelque part. Le taximètre est une notion inconnue à Aruba: le tarif (prohibitif, comme tout ici) est fixé par le chauffeur d'une manière qui paraît complètement aléatoire et qui n'est absolument pas négociable. Et le dimanche, c'est plus cher. Et si vous voulez un reçu, vous avez besoin de vous lever de bonne heure.
 
Bon, j'ai l'air de cracher dans la soupe, mais pas du tout, je me plais bien et les gens sont adorables, pas compliqués du tout, très gentils et pleins d'humour.
 
Je vous laisse, je vais me saucer. Et puis je ne veux pas brûler tous mes scoops, quand même.