jeudi 3 mai 2007

Marrakech


Cette ville est un souk géant, une cour des miracles, un miracle en elle-même.

Nous logeons dans un petit gîte familial inconnu au catalogue, caché au fond d'une impasse que même le gamin qui prétendait nous montrer le chemin ne connaissait pas. De temps à autre, il s'arrêtait et demandait à des garçons, qui indiquaient tous en même temps une direction différente. Mais nous avons fini par trouver, et le gamin a lui aussi dédaigné les pièces que nous lui avons offertes en disant qu'elles n'étaient bonnes qu'à acheter des bonbons aux enfants. Moralité: ne jamais sortir sans une bonne provision de pièces de 10 dirhams!  

Enfin. Les proprios de la maison, Fatima et Mohammed (que voulez-vous...), sont charmants.  Notre lit est un gouffre au milieu duquel nous ne pouvons que nous serrer l'un contre l'autre mon amoureux et moi, il y a des tapis et des coussins partout. Nous nous y réfugions avec bonheur après une journée à respirer les vapeurs d'échappement dans les incessantes pétarades des vélomoteurs, à résister aux boniments des rabatteurs, à éviter les collisions avec les bicyclettes, les charrettes à bras, les ânes et les voitures.

Ce soir, nous avons goûté aux escargots dont semblent se délecter les Marocains. Sur la place Jamaa el Fna, plusieurs stands identiques les proposent à un prix identique et préparés d'identique manière. On choisit donc le vendeur qui a la meilleure tête. Les bêtes sont cuites dans un bouillon épicé, et on les sert à la louchée dans un bol - 5 dirhams le petit, 10 le grand. 

Pour tout vous dire, c'est dégueu. Il faut extraire le gastéropode de sa maison (qui est aussi son tombeau) à l'aide du genre de cure-dents qu'on pique dans les club sandwiches. Il y a un bout pas très cuit dans le fond, ça a un goût terreux et une texture... Excusez-moi, mais on dirait une grosse crotte de nez. Bref, on n'a pas tout mangé.

Après, nous avons été kidnappés par un des innombrables garçons de l'un des innombrables comptoirs qui offrent tous la même chose (tagines, couscous, brochettes, salades) au même prix. Encore là, on se laisse séduire par le plus rigolo ou le plus habile. Nous n'avons pas été déçus. La bouffe était quelconque, mais le spectacle!

Parlant de spectacle, je ne vous ai rien dit de celui que nous a offert la route de Taroudant à Marrakech. Je crois que je n'ai jamais rien vu de plus beau. Je vous passe le classique couplet sur le car en fin de vie dépourvu d'amortisseurs (si c'est le prix à payer pour qu'il ait des freins, je veux bien). La route en lacets longe des précipices affolants et ne permet pas à deux véhicules de se croiser, si bien que le chauffeur actionne sans cesse son avertisseur dans les virages pour signaler notre présence. 

Ici et là dans la vallée, des hameaux aux maisons de pisé se fondent dans les ocres des montagnes. Des jardins en terrasses s'étagent partout où l'on peut amener de l'eau, couverts de blé que les femmes (encore et toujours elles) récoltent à la faucille et portent en grosses bottes sur leur dos. À défaut de femme, on voit parfois un âne transporter la récolte. Un homme? Jamais.

Mais ou sont-ils tous donc?

Parlant d'homme, Pierre vient de s'asseoir à côté de moi et me raconte les nouvelles de Montréal pendant que je vous écris (il va me rendre folle). 

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