lundi 7 avril 2008

Le ventre plein

... En l'occurrence, ce qui est encore pire, le ventre plein du pâté chinois que mon amoureux et moi avons mitonné avec une connivence peu commune, le pâté chinois de chaque Québécois qui se respecte étant par définition inaltérable, immuable et inchangé depuis des générations pour la simple raison que chacun est persuadé que le sien est le meilleur.

(À mes amis étrangers qui le demanderont la recette, je m'engage à leur transmettre toutes celles que mes amis québécois m'enverront. Pas pire comme défi, quand même. Mieux encore, je ferai suivre à tous les envoyeurs de recette les commentaires de tous les essayeurs qui me les feront parvenir. Ce qui est encore plus pas pire, je trouve.) (Pour mes amis étrangers, je précise que la locution "pas pire" équivaut à "pas mal".)

Bref, j'étais en train de me plaindre le ventre plein, et je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin, pâté chinois ou pas. La princesse au petit pois, c'est moi, je vous prie de ne pas l'oublier.

Je dois me lever demain à 3h30, une heure qui n'est pas faite pour les chrétiens, même si j'ai l'habitude, à cette heure, de me lever de mon propre chef pour manger un bol de Cheerios. (Pour mes amis étrangers: des Cheerios, ce sont des céréales d'avoine en forme d'anneaux, supposément sucrées au miel et additionnées de noix dont je dois confesser n'avoir jamais reconnu le moindre atome, mais bon, on noie ça dans du lait froid et ça n'a pas son pareil pour vous replonger sa femme – en l'occurrence moi-même – dans un sommeil de nouveau-né.) 


Mais le but de la minute Cheerios est justement d'aider la femme (en l'occurrence moi-même) à retrouver le sommeil, alors que là, avant d'avoir absorbé la moindre molécule de caféine, je vais devoir appeler un taxi, me rendre à l'aéroport, parler à des gens, me faire traiter comme une vache d'abattoir par les douaniers américains, être gentille, reconnaissante et polie avec la responsable VIP du voyage idiot que je m'en vais faire et attendre pendant deux heures qu'on daigne me faire monter dans un avion pour... Atlanta.

Atlanta.

Je vous demande un peu.

Mais si le but était Atlanta, je suppose que, étant donné mon enthousiasme naturel, j'y trouverais quelque chose d'intéressant. Non, là, on parle de l'aéroport d'Atlanta, où j'attendrai un vol pour Mexico.

Bon, Mexico, on serait bête de se plaindre. Mais là encore, je ne ferai que passer, parce que je dois y glander pendant deux ou trois heures dans l'attente d'un coucou de Mexicana qui me mènera à Zihuatanejo, d'où je me rendrai au chic, nouvellement rénové et follement design Club Med d'Ixtapa avec une bande de pseudo VIP comme moi pour un reportage sur l'inauguration du chic, nouvellement rénové et follement design Club Med d'Ixtapa. Ce sera transcendant, je ne vous dis que ça, surtout de la part d'une femme qui loge dans les pensions les plus modestes quand elle voyage de son propre chef, juste pour le plaisir d'éviter les pseudo VIP, les touristes argentés et les maîtres d'hôtel hautains.

Pendant ce temps, à Montréal, les gens sont à moitié dingues de ce soleil qu'ils ont attendu pendant si longtemps, et encore hier je suis allée communier à cette allégresse collective rue Saint-Denis et je vous le confesse: j'aime mieux ça que n'importe quel Club Merde du monde. Oui, il y a une foule démente, on ne passe que de peine et de misère à travers les poussettes, les percés, les tatoués, les énervés nu-pieds dans leurs sandales, les chiens, les crottes de chien, les vieux couples, les drogués, les jeunes couples, les poussettes, les tatoués... Mais je ne sais pas, il y a ici une sorte d'euphorie que j'adooooore.

Mais bon. Je vais me faire un petit fond de bronzage, et puis le 5 mai je pars pour un mois avec mon amoureux pour Berlin, Prague, Budapest et je ne sais trop où. 

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