mercredi 6 février 2008

Je n'ai pas vu Honfleur

La nuit dernière, je me suis réveillée vers trois heures avec un petit mal de coeur qui ne laissait rien présager de bon. Ah, me suis-je gourmandée, tu auras trop mangé. Vous savez ce que c'est. Des huîtres, ah, mais ça se mange sans faim, et puis elles sont si délicieuses, ici! Ce petit sorbet au calvados ne saurait me faire de tort avant mon plat de poulet fermier... Du camembert, mais comment donc, et puis du pont-l'évêque aussi, pourquoi pas? On n'est pas tous les jours en Normandie... Du dessert? Non, merci, je ne mange jamais de... Ah, mais une tarte fine aux pommes et à la crème fraîche, évidemment, ça ne se refuse pas...

Bref, à l'aube, j'ai vomi tripes et boyaux, et plutôt deux fois qu'une, même que j'ai bien cru y laisser aussi mon dernier souffle.

J'ai d'abord soupçonné Jean-Maurice, mon collègue du Journal de Montréal, d'avoir mis quelque chose dans mon café, histoire de neutraliser une concurrence trop dérangeante, mais il jure que non.  Il faut dire que l'une des accompagnatrices du voyage a subi le même sort que moi, alors ça affaiblit un peu l'hypothèse, encore qu'il aurait pu l'empoisonner aussi pour brouiller les pistes. Si personne d'autre ne se montre atteint d'ici à la fin du voyage, les huîtres auront des explications à donner. L'enquête se poursuit.

En attendant, pendant que mes camarades allaient visiter la très jolie ville de Honfleur, je suis restée à agoniser dans ma petite chambre, d'où l'on est venu me tirer à 14h, direction Lisieux. Non, ce n'était pas pour implorer sainte Thérèse de me remettre sur pied, mais pour voir la basilique. J'ai tout de même failli allumer un lampion, mais je me suis dit que Thérèse me rirait au nez, moi la mécréante et la pécheresse. Bon c'est vrai, elle a tout de même guéri Édith Piaf de sa cécité, mais je ne me sentais pas la force d'argumenter.

Ce soir ça allait un peu mieux, grâce à des médicaments que nous a conseillés un pharmacien très gentil, qui nous les a même servis avec un verre d'eau. Disons que ce n'est pas le genre de comptoir auquel je comptais m'attabler, mais les voyages sont remplis d'aléas. 

Nous dormons dans un hôtel au tenace parfum de renfermé, au bord d'une autoroute où il y a aussi un supermégahypermarché et je ne sais trop quoi d'autre. C'est une halte qui nous permet d'être plus près de notre destination de demain, un monument qui souligne la dernière bataille de la campagne de Normandie en 1944 ou 45. J'aurai une pensée pour mon vieux papa, comme vous vous en doutez bien.

Ce soir, nous avons soupé à la salle à manger de l'hôtel, je me suis contentée d'un bol de potage, d'une frite ou deux grappillées dans l'assiette d'un commensal et de quelques bouchées de riz au lait, repas pantagruélique couronné d'une petite infusion menthe-réglisse que je suis venue écluser dans ma chambre. Mais savez-vous, je suis quand même contente: au vu des assiettes de mes compagnons, je n'ai rien raté.

Bon, allez, je me recouche. Je vais réfléchir à une manière de retrouner voir Honfleur, que je rêvais de visiter par-dessus tout. 

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