dimanche 5 avril 2009

Arrière-pays

Je suis rentrée hier de ce voyage de groupe au lac Atitlan puis à Chichicastenango, dont je vous ai parlé avant de partir. À ce sujet, je corrige: le marché de Chichi est le plus grand et le plus ancien d'Amérique centrale, non d'Amérique latine. Ça fait quand même une petite différence...

Mais commençons par le lac Atitlan. Douze kilomètres sur huit, des volcans (éteints) tout autour, on dit que c'est le plus beau plan d'eau du monde. Hélas, c'est la saison des récoltes de canne à sucre, qu'on cultive encore sur brûlis. Résultat: le paysage est noyé dans une fumée blanche au parfum très doux, si bien que nous n'avons pu que deviner la cime des volcans, qui se dressent comme des fantômes dans ce décor de fin du monde. Nous avons néanmoins visité quelques villes et villages, et mon coeur se serre au souvenir de ces hommes que l'on sortait ivres-morts d'une guinguette où jouait de la salsa et que l'on déposait sur l'étroit trottoir comme de pauvres sacs de maïs avarié.

Plus loin, sur le chemin de l'église, trois hommes assis cuvaient leur aguardiente. Quand nous sommes repassés, l'un d'eux était tombé carrément dans la rue, où nul ne se souciait de le ramasser, et du sang s'écoulait de sa joue sur l'asphalte. Triste spectacle que celui de ces gens si fiers qu'ils refusent de se laisser photographier mais que l'espoir d'une vie meilleure semble avoir quittés à jamais...

Le long des rues, des familles entières se vouent au négoce d'objets d'artisanat (surtout les femmes et les enfants, en fait - comme partout dans les pays "en développement", on ne voit pas beaucoup les hommes ailleurs qu'au café). Les femmes sont parfois si petites que, vues de dos, on croit qu'il s'agit de fillettes de 8 ou 9 ans. Elles portent un bébé sur le dos, ou devant lorsqu'elle l'allaitent tout en travaillant, dans ce tissu aux couleurs éclatantes qui sert à tous les usages. De fait, il est bien possible qu'elles aient eu leur premier bébé à 11 ou 12 ans.

Et à Chichicastenango, alors là, moi qui raffole des marchés, j'ai été servie. Il y a là un foisonnement de couleurs, d'odeurs, de sons comme je n'en ai jamais vu. Les petits cireurs de chaussures vous suivent sur des mètres en vous suppliant de leur confier vos sandales, des fillettes proposent des poupées, ou des foulards, ou des colifichets, les femmes se cachent le visage si vous faites mine de vouloir les photographier (l'une d'elles m'a même jeté un sort, j'en suis sûre, parce que j'ai eu le malheur de prendre en photo la devanture de sa boucherie, où bourdonnaient les mouches autour des quartiers de porc pendus à des crochets en plein air).

Dans les marches de l'église, des hommes font brûler de l'encens à en étouffer, les femmes vendent des fleurs, et toujours les petits cireurs de chaussures vous suivent... J'ai donné à l'un d'eux la mangue que je venais d'acheter, il s'en est allé content comme si je lui avais offert sa paie de la journée, souriant de toutes ses belles dents éclatantes.

Aujourd'hui, il fait une chaleur tropicale à Antigua. Je vais dîner tantôt chez mes hôtes, qui sont adorables, puis je dois voir cet après-midi un homme qui a mis sur pied un projet d'aide scolaire pour les enfants en difficulté, et qui a besoin de bénévoles à Huehuetenango, dans le Guatemala profond. Si j'y vais, ce qui est probable, ça risque d'être une expérience assez fameuse.

2 commentaires:

  1. François Couturier6 avril 2009 à 22:31

    C'est toujours un triste spectacle que ces personnes qu'on balance sur le trottoir. Comme cette Inuit au fond de culotte mouillé, en janvier par -20 sur le boul. St-Laurent et dont tout le monde faisait le tour. Je ne suis pas certain qu'il y en ait moins ici, toutes proportions gardées, ou qu'on les traite beaucoup mieux que là-bas.

    Es-tu bien certaine que le refus de se faire photographier soit une question de fierté et qu'il n'a rien à voir avec une superstition?

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  2. pas éteint le volcan ....inactif . " on a vu souvent ...." J.Brel
    As tu ramassé le sort et que vas-tu en faire ?
    Roberto

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