vendredi 16 avril 2010

Puebla

Aujourd'hui, visite de trois églises plus baroques les unes que les autres. Des angelots coiffés de plumes qui descendent en cascades du plafond au plancher, des dorures, des volutes de stuc, des saints à la figure compassée en veux-tu en voilà, des Christs sanguinolents à l'air complètement consterné (j'ai commencé une collection), des Vierges en robe de dentelle et cape de velours, couronnées d'or et d'argent, des symboles païens à travers tout cela... On ne peut que s'émerveiller d'une telle profusion. Les Espagnols avaient de la main-d'œuvre en masse, ils en ont profité. On dit que, à Cholula, Cortes avait juré de construire 365 églises, une pour chaque jour de l'année. Heureusement qu'il s'est arrêté avant, on ne saurait plus où donner de la tête!
 Autrement, Puebla est une ville étrange, à la fois très touristique et extrêmement réservée, et sans doute la plus parisienne des villes mexicaines. Il y a au centre-ville un immeuble de style Eiffel, en acier, avec les boulons et tout, construit par une firme française, et un passage couvert dont la façade s'orne d'une splendide verrière art déco. Les façades des immeubles coloniaux sont couvertes d'azulejos (tuiles de céramique), c'est spectaculaire.
La grand-place bourdonne d'activité, ça grouille de monde, des Mexicains pour la plupart. Nous sommes toujours épatés par la quantité de bébés qu'il y a partout. Les parents les portent dans leurs bras comme un précieux colis (pas de poussettes ici, c'est impossible à manœuvrer!) et, dès que les petits savent marcher, ils trottinent placidement aux côtés de papa ou maman, ou d'un grand frère extraordinairement attentionné. La famille, ici, est une valeur cardinale qui n'est dépassée que par la piété, et encore.
Il paraît que Puebla est l'une des capitales gastronomiques du Mexique. Je ne sais trop qu'en penser. Nous n'avons pas encore eu notre baptême de mole poblano (sauce à base de cacao, d'amandes et d'épices diverses, que l'on sert sur du poulet), mais j'ai tenté avant-hier une expérience avec le pipián (sauce verte à base de graines de citrouille) qui s'est avérée fort décevante.
Heureusement, la soirée a été sauvée par un homme qui s'est amené au resto vers 20h et s'est installé au piano. Nous étions les seuls clients, nous avons noué conversation et fini par passer la soirée en sa compagnie. Il avait dans ses cahiers quantités de vieilles chansons françaises que je me suis fait un plaisir de lui transcrire phonétiquement pour qu'il puisse les chanter dans le texte. Je signale à mes collègues de La Presse que LUI, au moins, a su apprécier mon talent vocal, héhéhé!

En fin de compte, pour revenir à la cuisine, ma préférée est encore celle des rues: les généreuses quesadillas (celles d'aujourd'hui, farcies de fleurs de courgettes et d'un très bon fromage frais, étaient franchement exquises), la guacamole avec la bière de l'apéro, la sopa azteca (un bon potage tomaté garni d'avocat dans lequel, cela va sans dire, baignent des lanières de tortilla frite)...
On mange très bien pour trois fois rien dans ces petites gargotes, j'adore l'odeur des tortillas chaudes et je m'émerveille sans cesse de la quantité de façons qu'on a inventées pour les cuisiner afin qu'on n'ait pas l'impression de bouffer sempiternellement la même chose!

N'empêche, hier, nous avons dépensé l'équivalent de trois nuits d'hôtel (il faut dire que l'hôtel ne nous coûte vraiment, mais vraiment pas cher) dans un restaurant espagnol assez péteux, où nous avons dégusté une côte de bœuf grillée digne d'Obélix. Que voulez-vous, je n'ai aucun penchant pour le végétarisme, il me faut ma tranche de cadavre de temps en temps...

Demain, cap sur Cacaxtla (je n'arrive pas à prononcer ce mot), où il y a paraît-il des fresques préhispaniques admirablement conservées. Pierre y tient beaucoup. Pour ma part, je commence à être un peu saturée des déesses de la fertilité (grandes oreilles, grosses cuisses, bouche en cul de poule), je finis par trouver qu'elles se ressemblent toutes, mais bon. Les fresques de Cacaxtla sont apparemment éblouissantes, nous verrons bien.

Ensuite, direction Veracruz, pays du danzón et de la marimba... et enfin la mer! La Costa Esmeralda, plus précisément. J'espère qu'elle porte bien son nom...

4 commentaires:

  1. Je lis ton blogue religieusement a chaque mise a jour maman. Je pense a toi et aux 35 degrés a l'ombre aussi, surtout quand il fait froid et gris ici.

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  2. Moi comme Jules, ma grande.
    Dominique

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  3. J'ai des souvenirs divins de Pipian au Guatemala l'an dernier, mais d'autres très ordinaires, il faut réessayer jusqu'à ce qu'on trouve le cordon bleu qui sait bien le faire...
    bises Colette

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