vendredi 7 octobre 2011

Efficacité germanique

Aujourd'hui, visite de la ravissante ville de Füssen, où nous sommes arrivées avec une petite demi-heure de retard sur l'horaire prévu. Notre guide, Gudrun (ça ne s'invente pas), nous a regardées sévèrement par-dessus ses lunettes et, après nous avoir demandé d'un œil suspicieux la raison de notre retard, nous a menées au pas de charge à travers les rues de la cité médiévale.
Gentiment et avec le sourire, oui, mais il n'y avait pas une minute à perdre:
ici, le cloître, roman, le cloître. Là, le château, plus loin, la rivière, là-bas, les Alpes. Voyez les ornements en trompe-l'œil, les fenêtres en encorbellement, la chapelle rococo.
Bon, c'est pas tout ça, hop, hop, faut être au château de Neuschwanstein à 15h15 pile, et d'abord manger.
Ça s'est passé si vite, je crois que toutes mes photos seront floues (même pas eu le temps de les regarder). Dommage, c'est justement un endroit où on aimerait flâner. Joli, joli, le décor des contes de Grimm.
Il faut dire, il faisait un temps de chien, froid et pluvieux, mais tout de même.
Au resto, j'ai pris des kässpätzle, probablement ancêtres de tous les macaronis au fromage de la planète (en meilleur, quand même).

Légume du jour: oignons poêlés. On ne s'étouffe pas avec les petits pois, dans ce pays. Ni avec les asperges, le brocoli ou tout autre végétal susceptible de contenir un peu de chlorophylle.
Pourtant, à en juger par la forme de Gudrun, née pendant la guerre et qui   caracolait devant nous en piaffant comme une pouliche dans la montée jusqu'au château de Neuschwanstein, ça n'a pas l'air de leur manquer.
Donc, on a mangé en quatrième vitesse, expédié les politesses avec le patron de Gudrun, venu gentiment nous accueillir et nous parler de la région (elle a trouvé qu'il faisait trop long!), et on a filé au château de Neuschwanstein, construit au pied des Alpes par Louis II de Bavière.
Le pauvre, il avait sûrement un grain.
Construire un pareil ramassis de clichés médiévaux, en plein XIXe siècle... Il se prenait pour Lohengrin, ou pour Perceval, et voulait recréer la grandeur des rois et des chevaliers du Moyen-Âge. Bon, je résume grossièrement, hein, il est tard.
On ne sait trop s'il a vécu seul parce qu'il était fou, ou s'il était fou parce qu'il vivait seul, mais toujours est-il qu'il s'est retrouvé roi à 18 ans, pas du tout préparé pour cela, qu'il a été brièvement fiancé à la sœur de Sissi, qui était non seulement bel et bien bavaroise (contrairement à ce que j'ai écrit l'autre jour, abusée par le fait qu'elle a régné sur l'Autriche et la Hongrie), mais aussi, tenez-vous bien, sa cousine.
Bref, le pauvre Louis a rompu les fiançailles (on dit qu'il était gai) et s'est replié dans ce sinistre château qui a dû coûter une fortune au bon peuple de Bavière, et qui n'a jamais été terminé. On a fini une aile ou deux pour faire joli, mais elles sont vides de chez vide.
Quant à Louis, il a été trouvé mort dans le lac de la propriété où on l'avait enfermé la veille pour aliénation mentale. Son psychiatre était mort aussi, noyé. Le mystère règne toujours sur ce qui s'est vraiment passé.
Le château est plus beau de loin que de proche, et là aussi la visite se fait au pas de charge, qui plus est au milieu d'armées de Japonais bien désemparés (pas le droit de prendre de photos).
Drôle de truc.

Nous sommes revenues à Munich sous la pluie, tout le monde dormait dans le minibus, épuisées par le cardio extrême que nous avait imposé Gudrun.
Pour souper: assortiment de saucisses servies dans un bol d'eau bouillante, accompagnées d'un bretzel. Ça non plus, ça ne s'invente pas. Ah, et il y avait de la moutarde.

Gastronomie teutonne, quoi.

1 commentaire:

  1. Eh ben, toi et les teutons, c'est toujours l'amour! Surtout avec leur art culinaire. Tu veux qu'on t'envoie des laitues et un Paris Match?

    Allez, courage, il y aura peut-être bien un beau Gustav doux et romantique pour venir remplacer la louve Gertrud.

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