Nous voici à Morelia, austère ville toute de pierre rosée, après deux jours à Guanajuato, où nous avons bien cru laisser notre coeur. Ces maisons aux couleurs vives, accrochées à flanc de colline comme la construction fantaisiste d'un enfant! Ces églises aux retables d'or, qui tiennent plus du délire religieux que de la simple foi... Et puis les sons de Guanajuato - le chuintement du balai sur les pavés qu'on lave tous les matins à grande eau savonneuse, le clocher qui sonne l'heure, le quart d'heure, la demie, les trois quarts (oui, bon, la nuit c'est un peu embêtant, mais moins que la meute de chiens qui se criaient des bêtises sans qu'on sache pourquoi), le coq qui pousse ses cocoricos (oui, bon, ca aussi, c'est un peu embêtant, mais bon, on est en vacances, on n'a qu'à se rendormir!)...
Et puis il y a les callejoneadas, qui sont sans doute la chose au monde la plus charmante. Autrefois, il s'agissait d'étudiants qui, habillés à la mode espagnole du XIVe siècle, se mettaient à chanter dans les venelles de la ville (les callejones). Les gens les suivaient et cela créait une sorte de fête spontanée.
Maintenant, les musiciens vendent des billets en prévision de la chose, ce qui lui enlève bien sûr son aspect improvisé, mais tout de même, il faut voir (et entendre) l'atmosphère que cela crée! Nous étions assis bien tranquillement dans un adorable parc (la ville en est pleine), à siroter le reste du vin que nous avions acheté pour souper, quand nous avons entendu cette rumeur de fête. Nous avons suivi le son... Surprise! Dans cette étroite venelle, au pied d'un vénérable portail, ils étaient bien une quinzaine de musiciens, et sûrement une centaine de spectateurs, à chanter en choeur un air traditionnel très gai, très patriotique... C'était magnifique!
Guanajuato est une toute petite ville (enfin, comparativement à Mexico, ou même à Querétaro). On passe son temps à tourner en rond dans ses venelles labyrinthiques, mais tout est si joli, si plein de bruits et d'odeurs et de surprises à chaque détour l'on n'a cure de revenir sans cesse à son point de départ.
Tout commence toujours au Jardín de la Union, ombragé par d'immenses figuiers taillés comme des moustaches de colonel. Là, à l'heure de l'apéro (enfin, de ce qui est normalement l'apéro pour nous, mais ici rien ne marche comme on en a l'habitude), les mariachis commencent à se rassembler sur les bancs de fer qui bordent la place, devant les terrasses des restaurants. Quand les consommateurs commencent à être assez ivres, les mariachis commencent leurs sollicitations: 150 pesos por una cansión, on serait bien malvenu de refuser, depuis tantôt qu'on profite de ce que les autres ont payé... Va por una cansión, bientôt suivie d'une autre, puis d'une autre encore. Mine de rien, mon amoureux a dépensé pour cinq chansons davantage que ce que nous coûtait une nuit d'hôtel, mais quand même, La Paloma chantée juste pour nous par huit beaux hommes habillés en toréadors, vestes brodées et pantalon ajusté, comme dit l'autre, ca n'a pas de prix... Nous avons même dansé quelques pas de valse, ou de je ne me souviens plus très bien quoi, mais enfin, c'était trop romantique.
Nous avons donc quitté Guanajuato hier soir apr}es avoir rêvé d'y acheter une maison póur faire posada (auberge) à la retraite. Je n'ai pas dit mon dernier mot.
Aujourd'hui, nous sommes donc à Morelia (environ 2 millions d'habitants), une ville complètement différente de Guanajuato, mais qui ne manque pas de charme non plus. On nous promet pour ce soir une fiesta muy grande sur la grande place, avec musique in vivo, danse et tout le toutim. En attendant, nous sommes allés traîner du côté du marché, où nous avons dégusté pour même pas le prix d'un Big Mac un caldo de camarones (soupe de crevettes) digne des plus grandes tables, arrosé de deux cervezas bien froides. Miam!
Voilà, demain, peut-être encore un peu de flâneries à Morelia (il y a bien encore quatre ou cinq églises que nous n'avons pas vues), puis cap sur Patzcuaro, un peu plus au sud, près d'un lac qui a dit-on déja été le plus beau du Mexique mais qui a paraît-il perdu bien du charme. Nous verrons. A ver, comme disent les Mexicains.
je réserve une chambre dans ta posada et je t'invite à ma retraite sur la Côte d'azur (parlant de rêves...) mais nous n'avons pas visité le Mexique encore...
RépondreSupprimerColette
"venelles". J'aime bien quand tu fais revivre les mots ....
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