dimanche 10 avril 2011

Carthagène

Quatorze heures de bus. C'est le temps qu'il faut pour se rendre de Medellín à Carthagène. Il n'y a que 500 km à parcourir, mais sur des routes de montagne plus ou moins étroites, plus ou moins défoncées, parfois à la limite du praticable. Il faisait un froid inhumain dans l'autocar et les lampes de lecture ne fonctionnaient pas, mais nous avons bravement surmonté cette terrible épreuve, survécu et même dormi comme des bûches.

Au matin, un jeune homme est monté dans le car avec sur l'épaule un plateau chargé d'une pyramide d'empanadas, de buñuelos et d'acras qu'il offrait à vendre. La route était fort mauvaise, le car tanguait et roulait, si bien qu'arriva ce qui devait arriver: le jeune vendeur a perdu l'équilibre, il a cherché à se raccrocher à un dossier, et la moitié du chargement de son plateau s'est renversé... sur ma tête. Tout le monde a éclaté de rire, bien entendu – sauf le jeune homme, qui venait sans doute de perdre une bonne demi-journée de labeur. Une dame l'a gentiment aidé à ramasser ce qui était tombé par terre, je lui ai mis sans un sachet de plastique qu'il m'avait tendu ce qui était resté sur mon siège, et il est sorti du car, la mine déconfite. Je me désolais encore de sa mésaventure quand je me suis prise à espérer que, peut-être, il vendrait tout de même ce qui était encore présentable.

Qui le saurait?

***

Ce qui nous a frappés en arrivant à Carthagène, c'est le rythme. Caribéen pur coco: les gens marchent lentement, parlent lentement, il y a dans l'air une langueur tout antillaise qui tranche radicalement avec l'air affairé des gens de Medellín ou de Bogota.

Et Dieu, que cette ville est jolie! Des fleurs partout, des balcons ouvragés, la mer qui apparaît au bout d'une venelle, les clochers peints comme des gâteaux à la crème, des placettes tout ombragées où des hommes jouent aux dames avec des bouchons de plastique en guise de pions... C'est La Havane en plus beau, en moins désespéré. Comme c'est aujourd'hui dimanche, tout le monde est à la plage, alors nous avons les rues pour nous.
Joueurs de dames sur la Plaza Bolivar
 Il paraît que, pour rendre la ville présentable aux touristes, on l'a purgée de ses mendiants et des enfants de la rue (on dit même qu'ils ont été carrément abattus). J'espère que c'est une légende urbaine, mais comment savoir?  Même à Medellín, nous n'avons pas vu d'enfants des rues. Avons-nous mal regardé?
Nous logeons dans un petit hôtel bon marché à l'extérieur du centre historique, La Casona de Getsemani. C'est une maison coloniale charmante, avec un patio intérieur tout fleuri. Nous espérions avoir une chambre chez un couchsurfer, mais en fin de compte ça n'a pas fonctionné. Il reste peut-être une option, j'attends une réponse, mais autrement nous nous trouvons fort bien là où nous sommes, même si nous y perdons un peu en couleur locale. De toute façon, pour qui ne fait pas le difficile, on peut se loger et manger pour trois fois rien: petit déjeuner à 2$, repas du midi à 3 ou 4$, bière à 1,50$, chambre pour deux à 20 ou 30$ la nuit...

Demain, playa, farniente, peut-être un peu de shopping (mon amoureux s'est acheté un très beau panama, il ressemble maintenant à un ami de Pablo Escobar, faudra que je me dote d'un look à la hauteur)... La vie est dure.

J'ai commencé une collection de portes et de fenêtres, la voici:









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